3 - La vie du stade à l'époque classique
(Vième siècle avant J.-C.)
Le stade à l'époque classique ne constituait pas un bâtiment autonome, comme nos stades contemporains : il faisait corps avec les édifices religieux et les autres édifices sportifs, réunis en un véritable complexe sportif. Cette organisation spatiale était rendue nécessaire par le fait que le sport était indissociable des cérémonies religieuses qui l'accompagnaient. Mais, au fil des siècles, le stade d'Olympie va s'éloigner de l'enceinte sacrée, gagnant ainsi en autonomie.
3.1 - Le stade au centre du complexe sportif
Á l'époque classique d'Olympie, les fêtes duraient sept jours ; Olympie devenait un lieu saint, inviolable même en temps de guerre. Le site était formé par la réunion de nombreux édifices religieux, consacrés soit aux dieux, soit aux morts.
Autour de l'Altis, bois sacré de Zeus, s'assemblaient les constructions nécessaires aux concurrents : le gymnase, la palestre, les écuries, l'hippodrome, enfin le stade.
Ce dernier s'étendait au pied du mont Kronion, en rectangle régulier, entouré d'un remblai gazonné formant amphithéâtre et qui existe toujours pratiquement dans son état originel.
La piste était couverte d'un mélange de terre et de sable. L'enceinte du stade mesurait 210 mètres de longueur sur 30 mètres de large ; elle était limitée à l'est et à l'ouest par deux longues bordures de calcaire blanc de 45 cm de large : les lignes d'arrivée et de départ des coureurs. Des rigoles extérieures, ponctuées à intervalles réguliers de bassins, faisaient circuler l'eau autour du terrain afin de permettre aux spectateurs et aux concurrents de se rafraîchir.
Les pentes destinées à recevoir le public entouraient le stade de toutes parts : au nord, le mont Kronion ; sur les trois autres côtés, des remblais artificiels. Ces derniers seront rehaussés plus tard, offrant ainsi une capacité de quarante à cinquante mille spectateurs.
Le confort était très relatif car, à aucun moment, le stade d'Olympie ne comportera de gradins. Rien n'était prévu pour permettre une vue parfaite des concours, les spectateurs devant rester debout ou au mieux s'asseoir sur l'herbe.
Cette caractéristique prévaudra jusqu'à la fin de l'Antiquité, alors que de nombreux stades connaîtront les aménagements nécessaires : le stade de Delphes, pourtant moins fréquenté, comportait des gradins en pierre et ses extrémités semi-circulaires rendaient plus aisé le spectacle des épreuves. Seuls, à Olympie, les arbitres ou commissaires de Jeux (hellanodices) jouissaient d'une tribune digne de ce nom.
3.2 - Le stade sort de l'enceinte sacré à Olympie : une certaine laïcisation des Jeux ?
Les Jeux légendaires avaient lieu en pleine nature. Pendant longtemps jusqu'au milieu du VIième siècle avant J.-C., il n'y eut pas de véritables installations sportives à Olympie pour des Jeux qui restaient essentiellement régionaux, comportant un nombre d'épreuves très limité.
Avec le développement des Jeux et l'augmentation du nombre des pèlerins, il devint nécessaire de créer un véritable stade, avec une surface allongée suffisamment plane pour que les athlètes puissent s'y produire.
Le «stade 1» est le nom que l'on donne à ce premier stade : encore très rudimentaire, on avait mis à profit pour le réaliser le relief naturel offert par le terrain. les fouilles y ont mis au jour un talus très peu élevé utilisé par les spectateurs. (v. 560 avant J.-C.)
Le «stade II» le remplaça cinquante ans plus tard : sa pente méridionale réservée au public atteint 3 mètres ; le petit côté ouest était ouvert sur l'Altis, l'enceinte sacrée. C'est d'ailleurs la caractéristique de ces deux premiers stades que d'être situés de plain-pied avec le sanctuaire. (fin du VIième siècle avant J.-C.)
Le «stade III», celui que l'on peut encore voir de nos jours, sort du sanctuaire. S'il a la même orientation que le «stade II» (sud-ouest/nord-est), il a été en revanche déplacé de 12 mètres vers le nord et de 75 mètres vers l'est : il se place donc hors de l'enceinte sacrée. Cette disposition nouvelle, qui peut s'expliquer par la nécessité de gagner de la place dans le sanctuaire, est peut-être aussi le signe d'une certaine laïcisation des Jeux. (milieu du IVième siècle avant J.-C.)
Au milieu du IVième siècle avant J.-C., date de la construction du «stade III», les compétitions sportives s'inscrivent toujours dans un contexte éminemment religieux, mais elles ont acquis une sorte d'autonomie en tant que telles.